Création sur photoshop d'après une photo originale d’Aurore par Jean Flash
Création sur photoshop d'après une photo originale d’Aurore par Jean Flash
Ne tombez jamais amoureuses,
et vous ne souffrirez point,
mes filles, du plus grand des chagrins.
Mais d'heureuse ou malheureuse
vous n'aurez, en vous préservant,
qu'une pale saveur, et l'ombre d'un vivant.
Pourtant, j'ai cru en une suite
à cette préface de bonheur.
Mais la vie prend la fuite
et non du roman la conclusion.
Ici, les âmes ne s'agitent, tièdes, et les illusions
s'étalent, de toute leur hauteur.
Plus rien ne brûle dans ce cimetière des vivants
où je préfère être crédule qu'un mort froid ambulant.
Qu'est ce que vivre, sans sentiment?
Sens en toi celui qui résonne,
plus que ce qui raisonne, au moins, parfois.
Tu auras peut être des remords lancinants,
des choix tortueux et contagion de blâmes,
mais aucun vide de regrets, mornes et sans flamme.
S’il n'y a qu’un passé à continuer,
c'est celui qui frappe et subjugue,
ces folies qui tourmentent et fuguent,
au seul impératif : aimer.
Tant d'injonctions t'ordonnent de ne le décliner
par peur ou arguments vrais et bien fondés,
mais ce verbe intrusif, excessif, est le moteur de ce feuillage de sang,
qui circule sous chaque pore, à la pulsation d'un tu, bouillant
Oui, même si les rêves agonisent en cauchemars souvent
et les passions meurtrières dépècent la poitrine,
je préfère ces troublantes assassines,
aux jours qui s'empilent d'un cœur absent
Dans la simplicité des campagnes,
le cycle de l’Homme se renouvelle.
La pluie pénètre sa compagne
en berceau de verdoyantes dentelles.
D’une courte jachère, fiancée,
resplendissante mariée,
sous les champs qui ondulent !
Dans ces épousailles consommées,
quotidiennes, généreuse, enfantée,
par elle, la faim recule.
Maternité qui allaite, belle,
dans son sein s’amoncelle
la prochaine récolte d’une moisson
au labour de sueur et de saisons :
Pain rompu, lait que l’on trait, vigne pressée.
Ses fils, autant pétris d’elle, l’ont sollicitée.
Sous le bitume, matière ensemencée.
De la terre, extirpées toutes denrées.
Alors, derrière le rustique abord, comment oublier
sa vertu et les honneurs qu’on lui doit vouer ?
Première, délicatesses et ouvrages de raffinements
viennent d’elle, notre charnelle maman.
De l’esplanade aux soldats d’affaires,
aux tours hautes et aux murs en verre,
s’affichent des agendas et portefeuilles complets,
des déplacements virtuels et monétaires.
De ces cerveaux en chiffres, sans air,
je ne comprends les lois, armes bancaires
et de ce bagne, auquel ils s’accrochent,
je me fais la belle quand ils font leur sacoche.
D’eux, je n’ai que les lacets aux galoches
et du commerce, quelques sous en poche.
Je suis peut-être un féminin de gavroche
mais à ce manège ne clame aucun reproche,
car je n’ai pas à abattre de solutions.
De ces coups de poker, engrenage de pions,
que celui qui condamne donne le change,
une carte de possible pour qu’enfin tous mange !
Alors, pendant qu’ils le font
et que d’autres le refont,
avec la fortune des pauvres, riches de liberté,
je découvre, à ma façon, un monde sans marché,
amante des arts, aux noces clandestines,
dans ces paysages, que le beau fascine.
Si tu veux, viens m’y retrouver.
Nous dormirons, là où l’on ne peut compter
les strass, sous le drap d’une jetée.
Et je passerais ma vie contre ton contrefort,
battant, sous-dosée, avare d’un seul trésor :
toi, que je ne peux posséder.
Entre les douves, vouloir, avoir et être
flottent autour d’un bocal où tourne la tête,
coupée de sa tige, éclaboussée, haranguent,
pour quel devenir, les vagues, et tanguent ?
Des poupées succombent sous quelle aiguille ?
Des horloges et faix fissurent des bastilles,
frappées, réfléchies dans le miroir des autres.
Miroir des miroirs et perspective sans fin,
coupé quand il s’ébrèche, de par nature compatissant,
faut-il se distraire d’un graal aubain,
de ces désordres de tous siècles rugissants ?
Les peuples se chamaillent des contrées et mantilles,
le cambré d’une hanche, une pièce, une fille.
Qui gouverne ces basiques instincts où se vautre
la volonté qui de soi abdique
et se retire de tout art zététique ?
Envie éhontée qui en tous points suppure,
occulte l’épreuve qu’ailleurs certains endurent.
Mais les saintes intentions sont impuissantes.
Que partager ? Rien ne m’appartient.
Non souveraine, je ne suis que jouissante
de cette existence que le divin détient.
Le sablier m’écoule et je vogue à vue
sous les impacts d’échecs et imprévues.
Si parfois l’enfer, c’est l’autre, on l’est pour quelqu’un,
réciproque, conséquences et poudre de regain.
Mais j’aimerais devenir, comme il l’est pour moi,
son paradis éperdu, au désir surcroît.
Comme une coupe à remplir,
tu as planté un perpétuel désir,
accroché à chaque songe que je tresse,
sur ces heures qui s’allongent de tendresse.
On m’a jetée dans l’angoisse de ces villes,
aux climats d’ennuis tempérés et fossiles.
Mais de ces normes ou de mon insipide fort,
je ne sens que l’acide sans ton réconfort.
Dépossédée de moi-même, rien ne saurait traduire,
Où ton souvenir m’emmène, où s’échouent mes soupirs.
Pourquoi dois-je décrocher de ces chutes de sensualité,
ton empreinte qui m’habite, comme un refrain sait obséder ?
Je ne volerai à ta féérie
quand déjà tu m’oublies, qu’une inspiration,
et n’espère qu’un signe de ta magie,
pour satisfaire une platonique passion.
Avant que, par un coma artificiel,
je plonge vers les égéries solitaires
et te cristallise hors de ces clos factuels,
donne une page à mes palettes imaginaires,
la littérature à mes bois dormants,
que sur une toile, je touche tes traits, troublants.