A force d’attendre que le temps passe,
il s’écoule, comme une menace,
perché au large d’un compte à rebours,
et vient l’heure, sans fanfare, ni tambour.
Qui s’y penche, y coule ou l’efface,
y pense, le perd, le gagne, quoi qu’on fasse,
on ne peut se déjouer de sa tranchante farce.
Impossible d’échapper à celui dont on cache les traces,
ni d’avancer, reculer, ou s’émanciper de son joug,
qui sangle, étrangle puis ralentit, dans un fauteuil,
avec la solitude des autres, dans une antichambre de deuil,
où l’on se conte notre histoire qui s’échoue.
Mais, avant que s’effeuille tous nos jours,
y aura-t-il entre nous un geste d’amour ?
Car entre mes lignes et châteaux de bois,
pinceaux, poèmes, plumes et peintures,
mes sentiments durent, tu sais, à l’usure,
et s’imprègnent toujours d’un peu de toi.